La liberté de migrer constitue le plus ancien et fondamental des droits humains. Avant l’apparition des États-nations et des frontières fixes, tribus et familles choisissaient librement leur lieu de vie pour survivre et se protéger, à la recherche d’un environnement meilleur. La migration jouait un rôle d’ajustement du pouvoir—elle n’abolissait pas l’autorité, mais assurait sa possibilité de remplacement.
L’avènement de la civilisation agricole et l’essor des États ont restreint cette liberté : les populations ont été enracinées dans la terre, et le pouvoir a attaché les individus à leur lieu de naissance par des « autorisations irrévocables ». Le contrat social est passé d’une réciprocité dynamique à une contrainte figée, rendant la migration inaccessible pour l’individu et rendant la reconquête du pouvoir difficile.
Pourtant, la quête de liberté individuelle a subsisté, générant deux grandes tendances :
Ces deux dynamiques traduisent une aspiration profonde : les individus cherchent continuellement des environnements dans lesquels « voter avec ses pieds » est facilité et optimisé.
Désormais, la blockchain—et particulièrement DeSoc sur Ethereum—ouvre une troisième voie : la création d’un espace numérique inédit. Ici, le droit de « voter avec ses pieds » est rétabli par la technologie, accessible à tous.
Cet article affirme que DeSoc, en initiant « l’on-chaining de l’humanité », représente le dernier chapitre de notre migration ancestrale vers la liberté à l’ère numérique. Il promet la déconstruction définitive de « l’autorisation irrévocable » et accélère la transition civilisationnelle vers l’ère du Bit.
Vitalik Buterin, à travers des publications telles que « Decentralized Society: Finding Web3’s Soul » et « What Do I Think of Biometric Proof of Identity? », a posé les bases des futurs systèmes d’identité. Son concept d’« identité soul-bound » (SBT) place les SBT non comme des actifs financiers, mais comme des attestations non transférables rassemblant l’historique social, le crédit et les contributions d’un individu. L’objectif ultime est la composabilité sociale : chaque personne unique dispose, on-chain, d’une base sociale identifiable, fiable et incitative.
La vision de « l’on-chaining de l’humanité » passe de la théorie à la pratique via des standards communautaires Ethereum (EIP/ERC). Au cœur, un stack d’identité souveraine à trois couches, construit par le consensus communautaire :
Les Decentralized Identifiers (DID) conformes à la norme W3C DID donnent à chacun la capacité de créer et de contrôler intégralement sa « racine identitaire ». Sur Ethereum, cela se concrétise par EIP-4361 (Sign-In with Ethereum, SIWE), qui permet de se connecter à des applications tierces via son compte Ethereum, décentralisant l’authentification et marquant une étape clé de la souveraineté identitaire individuelle. EIP-712 (signatures structurées) sécurise et simplifie l’expérience utilisateur des DID lors de la signature de déclarations complexes et lisibles (ex : attestations d’identité).
Les zero-knowledge proofs (ZK) forment la couche de confidentialité du stack identitaire, permettant de vérifier des affirmations (ex. : « j’ai plus de 18 ans ») sans révéler la donnée sous-jacente (ex. : date de naissance). Bien que ZK soit un primitif cryptographique, son intégration à l’identité progresse via des standards comme ERC-5833 (conformité de confidentialité pour les Soul-Bound Tokens), relevant les défis de conformité et de confidentialité des SBT.
Les SBT, en tant que modules de registre social et conteneurs de données, sont définis et perfectionnés via plusieurs ERC. Inspirés de l’ERC-721 (NFT), leur « non-transférabilité » est garantie par des extensions telles que ERC-4973 et ERC-5192 (Minimal Soul-Bound Token), liant tokens et métadonnées à une identité. ERC-1155 (multi-token) est fréquemment utilisé pour gérer efficacement de larges ensembles de SBT, permettant un ADN social programmable pour l’individu dans le monde numérique.
Ce stack technique—DID (EIP-4361/712) + ZK (confidentialité) + SBT (ERC-4973/5192/1155)—constitue le socle interactif et standardisé menant DeSoc du whitepaper au smart contract déployable.
Les expérimentations sur l’identité Ethereum se caractérisent par une « exploration fragmentée ».
Des projets pionniers concrétisent la théorie de l’identité en réseaux de personnalités numériques :
Ces initiatives réalisent des avancées dans des domaines isolés—social, identitaire, biométrique—mais produisent des « fragments de réputation multisources » plutôt que la « personnalité numérique composable » que vise DeSoc.
Dans ce contexte, des initiatives comme Credinet se distinguent. Plutôt que de décrire des attributs isolés, elles intègrent des outils comme MACI (calcul vérifiable anti-collusion) pour construire des frameworks d’identité numérique permettant aux utilisateurs de transporter et prouver des fragments de crédit multidimensionnels. S’appuyant sur plusieurs modules ZK, ces projets créent des profils identitaires durables, vérifiables et composables façon « Lego », avec pour objectif « identité unifiée + droits fragmentés + résilience de la vie privée + gouvernance décentralisée ».
Construire une identité décentralisée est plus qu’un progrès technique—c’est une nécessité pour le développement concret de la blockchain.
Moteurs industriels : Les applications financières avancées—assurance, crédit, gouvernance décentralisée—requièrent une identité fiable pour un pricing des risques précis et un alignement d’incitations.
Moteurs civilisationnels : Dans le récit Ethereum, DeSoc n’est pas une simple extension de la DeFi, mais une révolution paradigmatique de la structure sociale. L’infrastructure identitaire fiable en est la base.
Moteurs concurrentiels : La prochaine vague de croissance doit dépasser les jeux à somme nulle de la DeFi, en focalisant sur l’infrastructure identité—génératrice d’externalités positives et d’effets réseau, portée par la neutralité unique d’Ethereum.
Conclusion : Lorsque crédit, compétences et réseau deviennent des actifs numériques portables, la liberté fondamentale—la migration—est restaurée dans l’univers numérique.
Construire la couche identité dépasse une simple mise à niveau technique. Il s’agit de la confirmation ultime des droits individuels, marquant le pivot historique de la civilisation Ethereum du « contrat de capital » au « contrat social ». Désormais, l’individu n’est plus prisonnier de l’algorithme, mais un nœud souverain du monde on-chain.
La création de cette couche permet à l’humain de devenir une entité numérique unique et documentée, constituant l’unité de confiance pour toute future activité sociale et économique.
À mesure que les identités numériques robustes deviennent réalité, émergent des systèmes de marché fondés sur le crédit. Les individus dépassent les frontières géographiques, passant de « nomades numériques » à « citoyens numériques », vivant et créant dans des économies fondées sur la confiance algorithmique.
Avec l’identité fiable comme norme, il devient possible de structurer des marchés financiers sur la base du crédit personnel.
Les barrières financières s’effacent. La confiance est définie par l’algorithme et le comportement en temps réel. La finance revient à son essence : quantifier la confiance sociale. L’activité financière devient une extension naturelle du crédit personnel.
Quand l’identité fiable intègre une riche histoire personnelle, un nouveau « marché des idées » s’ouvre. Chaque création, interaction et évaluation enrichit le portefeuille de réputation du producteur. Le savoir devient titrisé, l’influence investissable, la collaboration quantifiable. Dans ce marché, les plus dignes de confiance deviennent les plus productifs. Émerge le « marché des idées », où la confiance est l’unité de clearing.
Les cadres identitaires fiables créent un pont entre économies physique et on-chain.
Entreprises et communautés relient leurs structures juridiques à des identités souveraines on-chain, permettant aux smart contracts d’automatiser l’équité, la gouvernance et la gestion d’actifs.
Cela marque la transition de la « confiance légale » à la « confiance algorithmique », posant les bases crédibles de la tokenisation du réel.
Lorsque l’individu fiable devient l’unité économique, le paradigme change : le coût de transaction approche zéro, tandis que le coût du comportement malveillant explose.
Les systèmes d’identité et de crédit on-chain éliminent l’asymétrie d’information, le déficit de confiance et les risques d’exécution. La confiance passe d’un coût externe à une caractéristique algorithmique peu onéreuse, transformant la société en un espace à faible friction.
La non-transférabilité des SBT lie durablement l’individu à ses actes. Une fraude nuit au crédit on-chain, fermant les opportunités jusqu’à réparation. Préserver son crédit devient la seule stratégie rationnelle.
À mesure que le coût de transaction tend vers zéro et que le coût de la faute devient infini, l’ordre social passe de l’application externe à la contrainte interne. L’État de droit évolue en autodiscipline par la confiance, la régulation cède à la restriction par la réputation. La société passe du « contrat » à la « civilisation de la confiance ».
À mesure que les « individus » deviennent des entités numériques fiables et multidimensionnelles, les « nomades numériques » deviennent de véritables citoyens numériques, affranchis des limites territoriales. Leur revenu universel de base (UBI) provient principalement de deux sources :
Revenus issus de la valorisation des données
Une identité on-chain active et fiable est en soi un actif de données générant un rendement durable. Les individus peuvent, tout en préservant leur vie privée (ex. : ZK), licencier leurs données pour l’entraînement IA, l’analyse de marché, etc., et percevoir un revenu stable et passif.
Revenus du réseau de nœuds
En apportant des ressources réseau (staking PoS, stockage/calcul via DePIN), les individus perçoivent des récompenses de maintenance. Associés aux revenus de données, ils forment le socle de sécurité économique dans DeSoc.
L’essence du pouvoir réside dans la possession et le contrôle des droits d’autrui. Depuis l’aube de la société politique, il procède de la délégation des droits individuels.
À l’époque impériale, cette délégation était totale et irréversible—les droits étaient transmis sur plusieurs générations. Sous régime constitutionnel, ils sont cédés selon les cycles électoraux.
Les deux modèles impliquent une renonciation longue et globale des droits.
Lorsque les droits sont abandonnés de façon définitive, l’individu perd tout levier sur le pouvoir. La liberté de migrer devient alors la défense ultime face à l’autorité.
Aujourd’hui, alors que les droits individuels deviennent décomposables, composables et portables sous forme de données on-chain, libérés des frontières géographiques, cette défense est pérennisée par la technologie. La structure du pouvoir est bouleversée : le pouvoir passe du monopole à la concurrence, de la coercition au service. Le RWO/RWE (Real World Anything/Everything) sera redéfini et évoluera rapidement dans ce paradigme.
Chaque DAO—qu’il s’agisse de gestion de protocole, d’animation communautaire ou d’investissement—fonctionne comme une micro « cité-État numérique », caractérisée par :
Dans le monde physique, l’immigration implique un changement coûteux et unique d’appartenance politique, économique et culturelle.
En DeSoc, la « migration on-chain » permet une liberté granulaire et dégroupée. Un individu peut jouir d’une haute réputation dans des DAO techniques par ses contributions, tout en étant membre clé de DAO culturels pour son talent artistique. Il peut exercer des droits de gouvernance dans des DAO partageant ses valeurs et allouer ses actifs dans des DAO offrant de meilleurs services financiers.
Cette capacité à répartir ses droits sur plusieurs cités-États numériques marque l’avènement d’une liberté de choix complète et accessible.
Le coût quasi nul de la « migration on-chain » transforme la compétition DAO en « concours d’attractivité institutionnelle » global.
Pour attirer et fidéliser les citoyens numériques à haute valeur ajoutée, les DAO doivent sans cesse améliorer leurs offres institutionnelles :
Cette compétition stimulera une innovation institutionnelle inédite, rappelant la prospérité des cités libres historiques. In fine, la qualité de la gouvernance et la vitalité culturelle détermineront l’avenir des cités-États numériques.
Quand l’individu est affirmé on-chain—identité, crédit, participation à la gouvernance évoluant en données composables—la société devient dynamique et émergente.
Elle ne dépend plus d’une planification centrale ou d’un dessein global, mais naît spontanément de milliards de choix individuels et de collaborations par smart contracts.
L’essence de DeSoc réside dans ce mécanisme d’ordre ascendant.
Dans ce système, le pouvoir devient une autorisation temporaire, les institutions se font code modifiable et, pour la première fois, le contrat social évolue en temps réel.
C’est un reboot civilisationnel : une société libérée des contraintes territoriales, identitaires et systémiques, renaissant spontanément à l’ère du bit.
La « trilogie de la civilisation Blockchain » converge ici, formant une boucle logique cohérente :
Nous avons identifié l’outil pour dompter le pouvoir—l’autorisation réversible—qui transforme le monopole en service maîtrisé par l’individu.
Nous avons posé les fondations civilisationnelles—neutralité crédible d’Ethereum, consensus mondial, programmabilité—fournissant à DeSoc une infrastructure ouverte et sans permission.
Nous avons dessiné le plan d’une société nouvelle—démarrant par « l’on-chaining de l’humanité », progressant par la confirmation identitaire, l’autonomie économique, la compétition gouvernance, et culminant dans une civilisation numérique centrée sur l’humain.
Cela marque une migration profonde du tissu civilisationnel : de l’ère de l’atome, construite sur la matière et l’énergie, à l’ère du bit, fondée sur la donnée et l’information.
L’ère de l’atome était marquée par l’enracinement géographique, la rareté des ressources et le pouvoir centralisé. Les structures et institutions sociales étaient régies par la « logique des atomes »—tout avait place et poids, migrer était difficile.
Le paradigme du bit est la mobilité globale, la réplication infinie et le pouvoir décentralisé. Identité, actifs, confiance, relations—tout est déconstruit en unités bit programmables, composables, vérifiables, révocables et librement migrables.
Désormais, « l’identité » passe de la pleine agence à la propriété individuelle ;
La « gouvernance » passe du monopole à la prestation autonome ;
Le « bénéfice » passe du monopole capitalistique à l’auto-jouissance créatrice.
La vision de Lincoln à Gettysburg—« du peuple, par le peuple, pour le peuple »—prend une dimension digitale inédite, passant du grand récit collectif à la réalité quotidienne de chaque individu souverain : « de moi, par moi, pour moi ».
C’est cela—l’ère du Bit.





